Je n’aurais pas spontanément pensé à en faire une destination de vacances, mais l’ajout d’un éthiopien à la famille m’aura permit d’y voyager dans des conditions exceptionnelles. Les paysages sont extrêmement variés : savane, jungle, hauts plateaux verdoyants, banquise de sel, volcan ou encore lacs d’acide. Improbable, magique… et dangereux si mal accompagné. L’Éthiopie est selon moi un excellent medley de ce que l’Afrique peut offrir. J’ai été marqué par la beauté des vaches, les termitières géantes, les repas mangés avec la main et les guides armés jusqu’aux dents.

1/ Pelicans, ibis roses, marabouts et crocodiles se côtoient sur le lac Tana (le plus grand d’Éthiopie) et 2/ Femme de la tribu Hamer (portant une peau de vache sur les hanches, des bracelets en étain et des colliers en coquillages) lors du rite initiatique du « saut de bœuf ».

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ITINÉRAIRE

L’itinéraire fut concocté avec soins et volontairement axé sur le sud du pays afin de profiter un maximum de la faune, de la flore et découvrir des tribus dont la culture est classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. La cité monastique de Lalibela et la région volcanique du Danakil ne font donc pas partie de ce circuit.

1/ Addis-Abeba, 2/ Montagne du Bale, 3/ Arbaminch, 4/ Parc National Mago (village de la tribu Mursi), 5/ Turmi, 6/ Awassa, 7/ Vallée de l’Omo (village de la tribu Karo, village de la tribu Nyangatom et village de la tribu Hamer), 8/ Shashemane (village Rastafari), 9/ Gondar, 10/ Treck dans le Parc National du Siemen.


J’AI RAPPORTÉ…

Les marchés sont une source importante d’artisanat local. Certains vendeurs ambulants viendront même jusqu’à vous. Car à part à la capitale, les boutiques ne sont pas légion. Comme souvent en Afrique, l’artisanat éthiopien tourne beaucoup autour de la sculpture et de la vannerie. Que les prix soient affichés ou non, le marchandage n’est pas spécialement de coutume et ne donnera pas des résultats extraordinaires.

1. UN PLATEAU MURSI

Vous ne servirez pas le thé sur celui-là, puisqu’il s’agit du disque d’argile que les célèbres « négresses à plateau » insèrent dans leur lèvre inférieure fendue. Cet ornement labial appelé dhébé est décoré de gravures et parfois agrémenté de motifs fait de cendre ou de pigments végétaux (motifs qui n’ont donc pas une espérance de vie très longue). Sa taille est à la mesure de la dot exigée (composée de bétail et plus récemment d’armes à feu). La mise en place de cet ornement se fait très jeune (avant 10 ans) et nécessite d’arracher les incisives inférieures. Le peuple Mursi est une tribu bad ass (d’ailleurs constamment en guerre avec ses voisins) qui a longtemps été coupée du monde extérieur mais qui  — à force de visites sur son territoire — a compris la valeur du dollar et s’est mis à vendre aux étrangers de passage les symboles de sa culture. Tant qu’un véritable commerce de ces objets n’est pas mis en place, je trouve l’achat acceptable.

Acheter aux femmes dans le village Mursi, Parc National Mago – Environ 1€

2. DE L’ÉBÈNE

Plutôt destinée à être transformé en bijou ou en objet décoratif, le vendeur a eu bien du mal à comprendre mon intérêt pour ce cylindre de bois. Je trouve simplement fascinant que le cœur de certains arbres (en l’occurence ceux de la famille des Ebenaceae) soit d’une couleur différente et si intense. Plus le noir est sombre et pur, plus le bois est de bonne qualité. L’ébène éthiopien a justement très bonne réputation car n’ayant aucune veine. Ce bois massif (donc lourd) me fait un excellent serre-livres.

3. DU CAFÉ (ET DES TASSES)

Berceau de la culture du café, la réputation de l’Arabica éthiopien n’est plus à faire. Boisson nationale, son goût fait la fierté des locaux et le bonheur des amateurs du monde entier. Le mieux, c’est encore de le ramener en grains et de le moudre vous-même pour en préserver les arômes le plus longtemps possible. Vous pouvez également les acheter verts (un peu plus dur à trouver) et les torréfier chez vous sans grandes difficultés. Pour recréer l’ambiance de la cérémonie traditionnelle du café éthiopienne, qu’on appelle jebena buna dans le dialecte amharique, versez-le dans les petites tasses, ajoutez-y une bonne cuillère de sucre et proposez un peu de pop-corn en accompagnement. Encens optionnel.

4. DES COUVERTURES DE AWRA AMBA

Awra Amba est une petite communauté démocratique, sans religion et prônant l’égalité des sexes. Fondée en 1972, elle est passée de 66 membres à presque 500 membres. Cette initiative révolutionnaire a d’abord connu la persécution, l’errance et la faim, mais est aujourd’hui un exemple pour le pays. Ne pouvant compter sur la seule agriculture pour faire vivre la communauté, les habitants se sont tournés vers la meunerie et le tissage. Actuellement, l’Éthiopie n’accueille pas énormément de touristes et seulement une poignée inscrira ce village à son parcours… C’est pourtant une étape que je vous recommande. L’achat de ces couvertures sobres et chaudes (100% coton) est un moyen de participer à cette initiative extraordinaire, entre expérience sociale et utopie. Quelques vêtements et accessoires sont également en vente.

Village à 74 km de la ville de Bahir Dar, capitale de la région d’Amhara (Gondar Sud) – Association Awra Amba, PO Box 36, Woreta

5. UNE CARTE DES MONTAGNES DU SIEMEN

C’est vrai qu’une carte peut se rapporter d’à peu près n’importe où… Sauf que le style de celle-ci est un peu plus original que celui d’une carte IGN. Les couleurs sont chaudes, ocre et jaune avec une touche de vert indiquant les plus hauts sommets. Les finitions graphiques sont propres, les icônes bien dessinés. La légende est adorable puisqu’elle positionne sur la carte les regroupements de Walya ibexes (animal symbole de l’Éthiopie – difficiles à voir selon la saison), de renards du Siemen (très difficiles à voir quelque soit la saison) et de Gelada baboons (visibles par grappe d’environ 100 individus et pas farouches pour deux sous). Au verso, une documentation très précise sur la topographie de la région, la faune et la flore environnante, la population locale…

Achetée au Bureau du Parc National de la ville de Debark – Éditée par « Center for Development and Environment » de l’Université de Berne, Suisse – Environ 20€ (de mémoire)

6. DES ÉPICES

Le marché à ciel ouvert d’Addis-Abeba serait le plus grand d’Afrique. Son nom, le Merkato, est un héritage de l’occupation italienne. On y trouve de tout, dont des dizaines de boutiques vendant épices et produits séchés. J’ai acheté de la cardamome, du piment et de la cannelle (vendue sous forme d’énormes morceaux d’écorce) à un prix dérisoire. Le piment séché, très répandu dans la cuisine éthiopienne, est vendu entier ou réduit en poudre. On y trouve aussi des mélanges typiques comme le Bérbéré (piment, ail, gingembre, oignon rouge, cardamome, fenugrec, cannelle, clous de girofle et graines de rue) ou le Mitmita (piment, cardamome, clous de girofle, sel). Très fort, le piment s’utilise en petite quantité mais relève à merveille un chili con carne ou une sauce bolognaise.

Épices achetées en vrac au Merkato
Kenya Street, 
Addis Ketema DistrictAddis Ababa


À PART ÇA…

Plutôt qu’une sculpture lambda, j’aurais aimé trouvé un bel appui-nuque. Je n’ai pas ramené de CDs car même si la musique éthiopienne nous a clairement accompagnées pendant nos longs trajets en voiture, ce n’est pas un format audio très pérenne… Mais ça peut être l’occasion de découvrir la musique de Mahmoud Ahmed. Si votre voyage vous mène jusqu’au village Rastafari, la boutique de l’église vend quelques produits aux couleurs vert-jaune-rouge. Des cadeaux sympas pour les amateurs du genre.

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